Photographier la nébuleuse d’Orion avec un Reflex

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Orion Nebulae

Photographier la nébuleuse d’Orion est un véritable plaisir tant ses couleurs révèlent la magie et la beauté du cosmos. Même si cet objet céleste étendu est l’un des plus faciles à observer, le capturer nécessite cependant de résoudre certaines contraintes.

Mais commençons par situer cet astre, M42 de son petit nom ou aussi appeler NGC1976. Il est situé dans la constellation portant le même nom, la constellation d’Orion. Pour la cibler rien de plus simple, il vous suffira de trouver l’alignement rapproché de trois étoiles, Alnitak, Alnilam et Mintaka. On nomme ce tracé, que vous pouvez voir sur la photo ci-dessous, « Le Baudrier », ou encore « Les Mages ».  Une autre solution consiste relier l’étoile Polaire à l’étoile Capella. Le prolongement de cette liaison vous dirigera directement sur la constellation du chasseur géant, autrement dit Orion, nommé ainsi par les Grecs pour sa beauté et sa violence. Nous reviendrons sur ces deux caractéristiques plus tard. 😉

Constellation d'Orion - Crédit image : Stellarium
Constellation d’Orion. Crédit image : Stellarium

Juste en dessous de l’étoile Alnitak, se trouve la Nébuleuse de la tête de cheval très connue, son petit nom est Barnard 33 ou encore IC 434. Nous irons y faire un tour très prochainement.

HorseHead Nebulae - Barnard 33

Toujours dans cette constellation, juste au-dessous de ce Baudrier de trois étoiles, se trouve notre nébuleuse d’Orion. À l’œil nu, on y voit trois autres étoiles regroupées de manière linéaire. C’est au milieu de ce deuxième alignement que vous apercevrez M42.

Photo du Baudrier de la Constellation d'Orion
Baudrier de la Constellation d’Orion. Canon 60D – 70-300 mm.

On appelle ce genre d’objet céleste une nébuleuse à émission. Elles sont constituées d’un de nuage de gaz ionisé, autrement dit électriquement chargé, qui captent la lumière d’étoiles dans leur proche environnement et ré-émettent cette dernière dans des couleurs diverses en fonction de la composition moléculaire du nuage. Ainsi les atomes d’hydrogène et d’azote vont émettre dans le rouge et ceux d’oxygène vont émettre dans le vert. Mais c’est également une nébuleuse à réflexion, car son nuage de poussière est rendu visible par la lumière des étoiles voisines. Cette pouponnière d’étoile sous ses airs paisibles et somptueux cache en réalité un véritable chaos, toutefois immobile vu de chez nous. D’ailleurs pendant que nous parlons d’échelle cosmique, les photons autrement dit la lumière que nous observons sur ces photos, ont mis environ 1340 ans à nous parvenir.


Interlude astronomique

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’année-lumière est une unité de longueur. Elle correspond à la distance que parcourt la lumière pendant une année, à savoir environ 9 461 milliards de kilomètres (9 460 730 472 580 800 m). Ceci dit, elle permet également de donner une indication sur le temps mis par cette dernière pour parcourir cette distance. La vitesse de la lumière est de 299 792 458 m/s.


Un véritable voyage interstellaire à travers le temps et l’espace avant de venir frapper le capteur de l’appareil photo. Mais assez bavarder, ce qui nous intéresse est de voir un peu mieux ce nuage moléculaire chaotique. L’objectif ici est donc de prendre une photo avec un appareil reflex et un zoom commun, le 70-300 mm. Je vous le disais en début d’article, cela ne sera pas sans quelques petites contraintes à résoudre. En effet, tout comme lors de la prise de vue de la Lune il nous faudra compenser la rotation terrestre.
Par ailleurs, nous n’aurons pas ici autant de lumière que ce que notre Lune peut refléter… Il nous faudra donc faire des poses longues, voir très longues pour capturer le plus de lumière possible. Après tout, les photons ont voyagé des milliers d’années nous ne sommes pas à quelques minutes, et la patience est l’outil le plus important dans la besace de l’astronome.

Toutefois, ces poses longues vont générer des échauffements sur notre capteur photographique et donc créer ce que l’on appelle des pixels chauds. Il va donc falloir résoudre ce souci sans quoi nous perdrons de l’information sur notre photographie et surtout elle risque de ne pas être très jolie… Je ne m’étendrais pas sur le reste des contraintes générées par les appareils numériques dans cet article, palliés par les flat et offset. J’y viendrai dans les futurs articles, chaque chose en son temps. Comme vous le voyez, nous pouvons déjà faire une photo intéressante. Mais si vous ne pouvez pas attendre ou que la curiosité vous ronge, vous pouvez prendre de l’avance par ici. 🙂

Pour compenser le mouvement céleste, il est nécessaire d’utiliser une monture motorisée comme nous l’avons vu pour la photo de la Lune. Il est également possible d’opter pour ce genre de système, un SkyTracker, plutôt que d’acheter une monture de télescope à un prix onéreux si vous ne prévoyez pas d’acheter de télescope ou de lunette prochainement. Ensuite, pour pallier le manque de lumière qui nous arrive depuis ce nuage majestueux, les astronomes empilent plusieurs images du même objet grâce à divers logiciels. En effet, faire des photographies longues ou très longues nécessite une mise en station parfaite. Et même avec cela, parfois l’objet céleste ciblé effectue quelques mouvements dans le champ photographié. Plus la pose sera longue, plus vous aurez de chances d’avoir ce que l’on appelle un « filé » sur votre image. De plus, pour capturer la lumière, cela revient au même de faire 1 photo de 10 secondes de pose ou 10 photos de 1 seconde de pose empilées. Privilégiez donc des captures longues, mais pas trop pour éviter d’avoir du filé, mais aussi des pixels chauds.

D’ailleurs, même avec des poses relativement courtes, il va falloir supprimer ces pixels chauds ! Pour ce faire, nous allons prendre ce que l’on appelle « un dark ». L’idée est de mettre le capuchon sur votre objectif pour prendre un cliché totalement noir avec le même temps de pose que celui utilisé pour l’objet ciblé. Cette image, comme les précédentes générera des pixels chauds sur ce dark que l’on va ensuite soustraite à notre photo de nébuleuse pour permettre de supprimer ces points chauds de l’image. Tout y est, shootons !

Orion Nebulae

Bien que cette image ne soit pas parfaite (on remarque nettement que le coeur de la nébuleuse est trop exposé), c’est déjà un résultat très intéressant pour continuer à évoluer dans l’apprentissage de l’astrophotographie !

L’appareil photo que j’ai utilisé est un Canon 60Da. Cet appareil dispose d’un filtre particulier devant le capteur pour laisser passer les infrarouges que l’on cherche plutôt à bloquer dans la photographie classique, alors que l’on souhaite les saisir en astrophoto . Vous pouvez ainsi voir ci-dessus l’image finale, qui correspond à l’empilement de 9 photos de 90 secondes chacune. Associez à ces 9 photos j’ai également prix 6 dark. Attention, pensez bien à prendre vos photos dans le format brut de votre appareil (.CR2 pour les appareils CANON, .NEF pour les appareils NIKON). La compression des images en .JPEG vous ferait perdre de l’information avant de pouvoir faire les traitements. À ce sujet justement, il va bien falloir empiler nos images. Pour cela, j’ai utilisé le logiciel DeepSkyStacker en version 3.3.2. Ce logiciel est très simple d’utilisation, vous y intégrer vos photos de la nébuleuse d’Orion en cliquant sur « Ajouter des images », puis vos dark en cliquant sur « Ajouter des Dark ». Vous sélectionnez toutes vos images, ensuite cliquez sur « Empiler les images », c’est parti pour l’empilement. Une fois le traitement terminé, un petit passage dans votre logiciel de traitement photo préféré (Photoshop, Lightroom, Gimp…) pour peaufiner votre cliché et le tour est joué.

Caractéristiques de prise de vue

90 secondes x 8 images – ISO 6400 + 6 Darks

Matériel

Canon 60Da + 70-300mm à 260mm F/5.6 Canon

Celestron CGEM

Logiciel de traitement

DeepSkyStacker v3.3.2

Date

8 décembre 2015

Certains d’entre vous l’auront remarqué, le temps de pose et le nombre de photos prises ne sont pas très élevés. Vous pouvez donc augmenter l’un ou l’autre des paramètres pour enregistrer le plus de détail possible. Dans le diaporama ci-dessous vous pouvez voir des photos du même objet avec un temps de pose de 5 min à des focales différentes.

Orion au reflex - 70-300

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